CHANEL S’OFFRE GREY MER : UNE NOUVELLE ÉTAPE DANS SA STRATÉGIE D’INTÉGRATION VERTICALE
La Maison CHANEL a annoncé début mars 2025 la prise de participation majoritaire dans Grey Mer, un fabricant italien de chaussures haut de gamme. Discret mais respecté dans l’univers de la chaussure de luxe, Grey Mer rejoint ainsi la galaxie des partenaires industriels de CHANEL. Cette opération marque une nouvelle étape dans la stratégie d’intégration verticale de la Maison, qui œuvre depuis plusieurs années à renforcer sa maîtrise de la chaîne de production et à préserver un savoir-faire artisanal d’exception. Retour sur une acquisition hautement stratégique, à la croisée de l’excellence, de l’indépendance créative et de la pérennité du luxe.
UNE MAISON TOURNÉE VERS L’EXCELLENCE ARTISANALE
CHANEL n’est pas seulement une marque, c’est un écosystème à part entière. Depuis plus de deux décennies, la Maison fondée par Gabrielle Chanel multiplie les prises de participation dans des manufactures, ateliers, tisserands, brodeurs, plumassiers, bottiers, horlogers, verriers ou encore orfèvres. L’objectif ? Garantir l’excellence de ses créations en maîtrisant les savoir-faire, les approvisionnements et les processus de fabrication dans un contexte global marqué par la raréfaction des artisans et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement.
C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre l’annonce de la prise de contrôle majoritaire de Grey Mer, spécialiste italien de la chaussure de luxe féminine, dont les ateliers sont installés dans la région des Marches, au cœur de l’un des plus importants bassins de fabrication de chaussures en Italie.
GREY MER : UN NOM DISCRET, UN SAVOIR-FAIRE RECONNU
Fondée en 1980 à San Mauro Pascoli, une commune réputée pour sa tradition de cordonnerie artisanale, Grey Mer est née du savoir-faire de Gildo Merli, son fondateur. L’entreprise s’est rapidement distinguée par la qualité de ses cuirs, la finesse de ses coupes et la technicité de ses formes. Elle a su conjuguer tradition artisanale et innovation esthétique en créant des chaussures au design affirmé, destinées à une clientèle féminine à la fois exigeante et sophistiquée.
Longtemps concentrée sur la production de ses propres collections, la maison italienne a, ces dernières années, étoffé son activité de fabrication en collaborant avec plusieurs grandes maisons de luxe, pour lesquelles elle développe et produit des modèles exclusifs.
Sa capacité à réaliser des prototypes complexes, à travailler les matières les plus nobles et à gérer des productions flexibles en petite série fait de Grey Mer un partenaire précieux. Son intégration dans l’écosystème de CHANEL répond donc à une logique de consolidation industrielle autant qu’à une exigence qualitative.
CHANEL ET LA CHAUSSURE : UN ATTACHEMENT HISTORIQUE
Depuis les souliers bicolores imaginés par Gabrielle Chanel en 1957 – ces escarpins beige et noir devenus emblématiques – la chaussure occupe une place à part dans l’univers stylistique de la Maison. Dans les défilés Haute Couture comme dans les présentations de prêt-à-porter, les modèles de chaussures complètent et prolongent l’allure singulière de la femme CHANEL.
Les créations chaussure de la Maison, qu’il s’agisse de bottines en tweed, de sandales ornées de camélias ou de derbies au cuir glacé, se distinguent par une élégance sobre et une fabrication d’exception. La complexité de certains modèles, notamment ceux présentés en Haute Couture, exige une technicité rare, que seules certaines manufactures maîtrisent encore.
Jusqu’à présent, CHANEL travaillait déjà avec plusieurs partenaires italiens pour ses collections de chaussures. Mais en intégrant Grey Mer, elle franchit un cap : il ne s’agit plus simplement de collaboration, mais de contrôle stratégique sur une entité capable de produire des modèles pour l’ensemble des lignes de la Maison.
UNE STRATÉGIE D’INTÉGRATION VERTICALE PLEINEMENT ASSUMÉE
Avec cette prise de participation majoritaire, CHANEL poursuit une stratégie de long terme visant à sécuriser les savoir-faire essentiels à ses créations. Depuis les années 1980, et de manière plus active encore depuis les années 2010, la Maison a multiplié les investissements dans des entreprises artisanales et industrielles via sa filiale Paraffection, créée en 1997 pour regrouper les Métiers d’art.
Broderie (Lesage, Montex), plumasserie (Lemarié), chapellerie (Maison Michel), tissage (Les Ateliers de Verneuil-en-Halatte), gants (Causse), dentelle (Sophie Hallette, Riechers Marescot), horlogerie (G&F Châtelain), maroquinerie (Ateliers de l’Ariège)… Autant de structures qui bénéficient à la fois de la protection financière et de l’indépendance créative offertes par CHANEL, tout en continuant à travailler pour d’autres maisons.
Dans le domaine de la chaussure, cette stratégie s’est récemment traduite par le renforcement de liens avec plusieurs ateliers spécialisés. L’intégration de Grey Mer permet non seulement de sécuriser la production, mais aussi d’inscrire cette activité dans une logique de transmission et d’innovation, deux piliers du luxe contemporain.
UNE OPÉRATION AUX MULTIPLES ENJEUX
Cette acquisition est riche d’implications pour CHANEL, tant sur le plan industriel que stratégique et créatif.
1. Renforcement des capacités de production
En intégrant un acteur industriel capable de produire à la fois des prototypes et des séries plus importantes, CHANEL se dote d’un outil agile, capable de répondre aux exigences des défilés, des collections croisière, des lignes boutique et des commandes spéciales.
2. Maîtrise de la qualité
La Maison entend garantir une qualité irréprochable à toutes les étapes de la fabrication, de la sélection des peausseries à la finition manuelle. En contrôlant l’ensemble de la chaîne, CHANEL peut imposer ses standards sans compromis.
3. Transmission du savoir-faire
Grey Mer pourra désormais bénéficier de moyens renforcés pour former de jeunes artisans, perpétuer des gestes rares, innover dans le respect de la tradition. Ce lien avec la formation est essentiel dans un secteur où les compétences techniques se perdent rapidement.
4. Créativité libérée
Avec un partenaire intégré, les équipes créatives de CHANEL pourront explorer de nouvelles formes, expérimenter des prototypes plus audacieux, sans être contraintes par les délais ou les coûts imposés par des sous-traitants externes.
GREY MER : UN NOUVEL ÉCRIN POUR LES AMBITIONS DE CHANEL
L’annonce de cette prise de participation majoritaire a été saluée comme une marque de confiance envers le savoir-faire italien. Grey Mer, tout en intégrant l’écosystème CHANEL, conservera son nom, ses ateliers, et probablement une certaine autonomie de création. On peut envisager qu’il continue à produire sa propre ligne ou à collaborer avec d’autres marques, dans l’esprit de Paraffection.
Mais plus encore, Grey Mer devient un laboratoire de création et d’innovation pour la Maison. Grâce à cette acquisition, CHANEL pourra développer des modèles plus complexes, jouer avec les matières les plus rares, expérimenter de nouvelles techniques de montage ou d’assemblage. Les possibilités sont nombreuses : souliers brodés à la main, escarpins en cuir tissé, bottes sculptées dans des peaux exotiques travaillées comme de la soie…
UN LUXE RESPONSABLE ET PÉRENNE
Loin de se contenter d’une logique financière ou d’une simple stratégie de croissance externe, cette acquisition s’inscrit dans une philosophie artisanale et responsable du luxe. CHANEL ne cherche pas seulement à étendre son empire, mais à préserver une forme de production profondément humaine, enracinée dans des territoires, dans des gestes, dans une éthique du temps long.
Dans un monde où le luxe est souvent réduit à une stratégie marketing ou à une démonstration de puissance économique, CHANEL défend une vision fondée sur l’intelligence de la main, sur la patience, sur la transmission. En intégrant Grey Mer, elle réaffirme que la valeur d’un soulier ne réside pas uniquement dans son prix, mais dans la précision de sa coupe, la noblesse de ses matériaux, l’exactitude de sa ligne.
PERSPECTIVES : VERS UNE RENAISSANCE DU SOULIER COUTURE ?
L’intégration de Grey Mer pourrait aussi ouvrir la voie à une nouvelle ambition pour CHANEL : celle de relancer une véritable ligne de chaussures couture, produites à la main, sur commande, dans une logique de haute technicité. À l’image des créations Haute Couture réalisées pour les défilés, certaines pièces pourraient être proposées à une clientèle ultra-exigeante, dans une approche quasi joaillière du soulier.
On peut imaginer que cette nouvelle capacité industrielle permette également de développer des services de personnalisation, de demi-mesure ou de commande spéciale. Autant d’éléments qui renforceraient encore l’aura d’exclusivité de la Maison.
Mention obligatoire : © espritdegabrielle.com
Crédit photo : © CHANEL
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