Berceau de la parfumerie mondiale, la ville de Grasse, située entre les pré-Alpes et la Méditerranée vient obtenir, le 28 novembre, l’inscription par l’Unesco de ses savoir-faire liés au parfum au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. Les savoir-faire distingués recouvrent trois aspects différents : la culture de la plante à parfum, la connaissance des matières premières et leur transformation et enfin, l’art de composer le parfum.
La ville de Grasse comptait sur cette inscription pour mieux protéger ses champs. Les sols de la région de Grasse et son micro-climat sont propices aux plantes à parfum comme le jasmin, la rose de mai, la fleur d’oranger, la tubéreuse, l’iris et la violette. Depuis 70 ans, ils sont mis à mal par la pression foncière, la montée des produits synthétiques et la concurrence d’autres centres producteurs. Le label Unesco devrait favoriser la possibilité de bloquer des terrains au service des jeunes agriculteurs et encourager des sociétés de parfumerie à signer des contrats à long terme pour garantir aux horticulteurs de pouvoir vivre de leurs récoltes.
La municipalité de la Côte d’Azur avait vu s’épanouir la parfumerie à partir du XVIe siècle, filière florissante et fragile à la fois, autour de ses tanneries qui réclamaient des matières premières aromatiques pour apprêter les peaux et parfumer les gants.
DANS LES CHAMPS DE CHANEL À PÉGOMAS
La Maison CHANEL a une histoire particulière la région. En 1921, débute l’histoire du parfum devenu le plus célèbre du monde, CHANEL N°5 sous la houlette du parfumeur Ernest Beaux qui choisit pour sa composition le jasmin issu de Grasse.
Depuis près d’un siècle donc, CHANEL s’approvisionne à Grasse et depuis 1987, contribue activement à pérenniser la culture du jasmin grandiflorum et de la rose de mai (rosa centifolia). Aujourd’hui, la culture s’étend à d’autres plantes à parfum, allant de l’iris pallida au géranium rosat en passant par la tubéreuse. Cinq récoltes exceptionnelles sont réservées exclusivement aux parfums de CHANEL.
A l’instar de la Haute Couture qui protège le savoir-faire unique des métiers d’art, les parfums de CHANEL participent à la conservation d’un patrimoine légendaire.
Olivier Polge et Joseph Mul, dans les champs de CHANEL à Pégomas
À l’initiative de Jacques Polge, parfumeur de la maison de 1978 à 2014, CHANEL signe un partenariat, totalement inédit à l’époque, avec le plus grand producteur de fleurs local, la famille Mul qui cultive vingt hectares de terre à Pégomas. Ce terroir unique allie toutes les conditions de culture pour ces fleurs : du soleil, de la chaleur, une absence de vent et une terre argilo-calcaire propice à leur développement.
Des liens d’amitiés se tissent, garants de la pérennité d’un patrimoine rare en pays grassois et d’une maîtrise parfaite de la transformation de la fleur au parfum. Ce partenariat permet de sécuriser la qualité olfactive et la quantité de fleurs nécessaires aux parfums CHANEL.
Depuis cinq générations, la famille Mul s’évertue à protéger cette culture séculaire de plantes à parfum d’une exceptionnelle qualité. Un patrimoine légendaire, hérité de son arrière-grand-père, que Joseph Mul a préservé avec fierté de toutes convoitises, et qu’il transmet aujourd’hui à la génération suivante.
En écho, en 2014, Jacques Polge transmet les clés du Laboratoire des Parfums CHANEL à son fils, Olivier Polge.
Respectueuse de son histoire enracinée à Grasse, CHANEL n’est pas pour autant nostalgique. Sauvegarder ce patrimoine, c’est aussi s’engager pour l’avenir. Des valeurs communes sont partagées par la famille Mul et CHANEL. Elles permettent de cultiver la différence et de s’inscrire dans la continuité, avec un engagement commun pour des projets futurs.
Olivier Polge conclut : “Nous sommes les gardiens des formules de CHANEL et nous devons tout mettre en oeuvre pour avoir le contrôle absolu de nos ingrédients.”
Dès 1988, une usine de campagne est installée au beau milieu des champs. Elle permet un traitement des fleurs fraîches, au fur et à mesure de leur récolte, pour en tirer toute la quintessence. Unité de production et de transformation, elle est également un véritable laboratoire, destiné à tester et à améliorer le rendu olfactif de chaque récolte. CHANEL et la famille Mul ont une vocation commune de produire les fleurs les plus odorantes et de garantir la même qualité aujourd’hui et demain. La traçabilité est au cœur du partenariat, de la culture de la plante jusqu’à sa transformation en concrète et en absolue.
Rose centifolia
Répartie sur 6 hectaras, la récolte de la rose de mai avoisine les 40 tonnes. Le rosier a une durée de vie d’une bonne quinzaine d’années mais sa production est optimum entre trois et dix ans. Ces rosiers non remontants demandent une pré-taille en décembre puis, en janvier et février, une taille à deux ou trois yeux, avant la reprise de végétation. Ils sont greffés à l’anglaise sur Indica Major, idéal pour les sols calcaires. La récolte étalée sur tout le mois de mai demande dextérité de la part, le plus souvent, des cueilleuses, d’un petit coup sec avec une légère rotation sans tirer sur la fleur. Les pétales sont distillés chaque soir à l’usine de campagne installée sur place. Ainsi sont traités les 50 000 pieds de rosiers.
Dans un flacon d’extrait N°5 de 30 ml, il y a 1 000 fleurs de jasmin de Grasse et 12 fleurs de rose de mai de Grasse.
Jasmin grandiflorum
Si délicat, le jasmin à grandes fleurs (jasminum grandiflorum) cache bien son jeu et obtenir sa fleur est tout un art. Jasmin Officinalis présente une racine pivotante, c’est pourquoi ce jasmin cultivé est greffé sur du jasmin des Açores (jasmin azoricum) ou jasmin d’hiver (jasmin polyanthum) pour une système racinaire plus chevelu, plus adepte de profiter au mieux du sol. La multiplication se fait en pot par bouture avec un taux de réussite de 100 %. Sensible au froid, le point de greffe sera butté pour être remis à l’air en mars. C’est alors que la plante est totalement rabattue. Mais cet arbrisseau touffu, donne des tiges ingérables. Il est nécessaire de lier ces dernières avec un raphia par petit fagot de 10 ou 15. Ainsi, la lumière passe mieux et la récolte est simplifiée pour les cueilleurs car les tiges ne s’emmêlent pas. Pourtant la persévérance est encore de mise avec 8 000 fleurs par kilo. Un cueilleur peut espérer ramasser deux kilos par jour, plié en deux, en plein été. Des 70 000 pieds seront extraits 5 à 8 tonnes de jasmin par saison, d’août à octobre.
Iris pallida
La culture de l’iris pallida dure trois ans afin que les rhizomes grossissent et atteignent les 300 à 400 grammes nécessaires. Il faut savoir que le taux d’irone donne la concentration en parfum et plus il est récolté tard en saison plus cette celle-ci augmente. C’est en octobre qu’il est arraché de terre. Puis il est tranché, deux cm environ, séché durant trois jours à 30°C et 2 % d’hygrométrie. Il est alors placé dans des filets à pomme de terre pendant trois ans avec une surveillance étroite pour vérifier l’absence de pourriture. Il peut être distillé après six ans de travail. Au final, c’est 7 à 8 tonnes de rhizomes pour 1 kg de matière odorante, 80 % du poids est perdu et 8 ans de recherches pour obtenir tout ce protocole.
Mention obligatoire : © espritdegabrielle.com
Crédits photos : © CHANEL – © UNESCO – © DR
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