CHANEL HAUTE COUTURE AUTOMNE-HIVER 2025/26 : DERNIÈRE RÉVÉRENCE AVANT LA MÉTAMORPHOSE
Le 8 juillet 2025, dans l’écrin majestueux du Grand Palais, CHANEL a dévoilé sa collection Haute Couture automne-hiver 2025-2026. Entre ascèse formelle et intensité émotionnelle, cette saison fait office de rite de passage : un hommage contenu à l’héritage de Gabrielle Chanel, mais aussi un prélude subtil à l’ère Matthieu Blazy, qui s’annonce décisive.
LES SALONS DE LA RUE CAMBON TRANSPOSÉS AU GRAND PALAIS
Fuyant les artifices spectaculaires, la Maison a préféré la discrétion de la Salle d’Honneur du Grand Palais à la nef monumentale. Le décor, imaginé par Willo Perron, transposait fidèlement l’univers intime du 31, rue Cambon : drapés beiges, miroirs anciens, coussins capitonnés, moquette feutrée, sièges alignés autour d’un podium discret. Un gigantesque ruban noir ondulait sous la verrière, comme la métaphore d’une couture céleste.
L’atmosphère, presque sacrée, s’imposait comme une réminiscence des salons d’essayage d’antan : ceux où Gabrielle Chanel, dans ses tailleurs noirs et blancs, modelait ses clientes à même le corps.
UNE COLLECTION MÉDITATIVE, ENTRE RIGUEUR ET MYSTIQUE
Pensée comme une partition en deux mouvements, la collection déroule d’abord une série de silhouettes de jour au minimalisme tendu, avant de s’ouvrir à la gravité poétique du soir. Le silence du lieu n’était troublé que par le bruissement des étoffes. Le tempo lent du défilé conférait aux mannequins une allure processionnelle, presque religieuse.
SILHOUETTES DE JOUR : ASCÈSE DU TAILLEUR
Le tailleur, icône chanelienne, ouvrait le bal dans toutes ses variations : tweed anthracite, mohair olive, flanelle prune, gabardine beige, frangée ou gainée. Lignes nettes, structures ajustées, cols officiers, basques asymétriques, manches trois-quarts. Chaque coupe semblait millimétrée pour célébrer la verticalité du corps.
Un tailleur ivoire à gants longs en cuir rosé et minaudière chapelet a particulièrement marqué les esprits. L’esthétique évoquait l’uniforme d’un ordre secret, entre austérité monacale et sacralité discrète.
La palette, volontairement contenue — noir, taupe, bronze, vert mousse, ivoire, prune — laissait filtrer ici ou là un éclat de grenat ou de corail. Un automne intérieur, feutré, presque introspectif.
SILHOUETTES DU SOIR : LE VESTIAIRE DU SACRÉ
À mesure que le jour s’éclipse, les matières gagnent en fluidité et en éclat. Crêpe de soie, tulle brodé, satin duchesse, velours frappé… Les robes du soir allongent les lignes et effleurent le sol avec solennité.
Un chef-d’œuvre : une robe bustier en faille noire, dont la jupe s’anime d’une broderie en grisaille représentant la façade du Grand Palais. D’autres silhouettes se parent de capes-robe ponctuées de camélias dorés ou de motifs d’épis de blé, symbole de fertilité et porte-bonheur que Gabrielle Chanel gardait toujours sur son bureau.
La robe de mariée, toujours très attendue, s’impose en conclusion dans une vision éclatante : silhouette sirène, paillettes et broderies d’épis d’or, bouquet de blé à la main. Une image forte, quasi biblique : la moisson du passé comme offrande au renouveau.
L’ART DES MÉTIERS D’ART
Les ateliers Lesage, Montex, Lemarié, Goossens… tous ont fait preuve d’une discrétion virtuose. Fils d’or à peine visibles soulignant une pince, boutons sculptés comme des talismans, plumes assemblées en motifs floraux, broderies picturales incrustées dans l’ombre des étoffes : la main se cache, le geste s’efface au service de la silhouette.
LE DÉTAIL COMME LANGAGE
Les accessoires parlent une langue sacrée : bottines plates laquées, ceintures corsetées en cuir, minaudières-reliquaires, camélias noirs, croix fines, voiles de tulle sur coiffures tirées.
On pense aux processions, aux funérailles royales, aux habits de chœur. CHANEL signe ici une liturgie vestimentaire où chaque élément s’imbrique dans une narration silencieuse et puissante.
L’ATTENTE DE MATHIEU BLAZY : UN SOUFFLE NOUVEAU
Tout l’écosystème mode a désormais les yeux rivés sur l’arrivée prochaine de Matthieu Blazy. Celui qui a marqué Bottega Veneta par sa vision intellectuelle et sensuelle du vêtement, réputé pour sa maîtrise de la matière, incarne l’espoir d’un CHANEL modernisé, affranchi de la liturgie et de la nostalgie.
On attend de lui qu’il réinvente les grands archétypes : le tailleur, la petite robe noire, le camélia, le tweed, la chaîne. Qu’il explore les frontières entre vêtement et mouvement, entre tradition et projection.
Sa première collection est attendue pour le prêt-à-porter printemps-été 2026, le 7 octobre 2025.
CHANEL Haute Couture
31, rue Cambon, Paris 1er
Mention obligatoire : © espritdegabrielle.com
Crédits photos : © CHANEL
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