LA VIE DE GABRIELLE CHANEL EN MUSIQUE
C’est un chant religieux qui s’élève de l’Abbaye d’Aubazine. L’orpheline chante pour s’évader, et la musique la transporte.
C’est une chanson populaire dans un caf’conc’ de Moulins. Pour échapper à sa condition, la jeune apprentie couturière chante le soir Qui qu’a vu Coco. D’où le surnom de Coco.
C’est un air de Bel Canto, dans son salon parisien. Gabrielle s’est offert un piano à queue, son premier meuble de valeur, pour écouter jouer ses amis Poulenc, Satie, Auric ou Misia.
C’est Le Sacre du Printemps d’Igor Stravinsky, un Ballet Russe dont Chanel finance la recréation en 1920. Elle héberge aussi le compositeur chez elle toute une année. « Stravinsky m’apprit la musique, dit-elle ; le peu que j’en sais, je le lui dois ».
C’est une impro de Jazz au Bœuf sur le toit, rendez-vous des plus grands artistes : Diaghilev, Cocteau, Picasso, le groupe des Six, Ravel, Satie…
Ce sont quelques notes de blues, qu’elle fredonne dans sa voiture, (My woman she has a hart of stone), avec un accent si français qu’on reconnait à peine les paroles.
C’est un concert de rock ou de pop music. Mademoiselle se contente d’un strapontin pour écouter Johnny Hallyday à Paris ou fait l’aller-retour à Londres pour les Beatles.
C’est une comédie musicale à Broadway, inspirée par sa légende et de son vivant ! Coco interprétée par Katharine Hepburn sera jouée plus de 300 fois.
C’est une play list éclectique à l’image de Chanel. Les harmonies raisonnent avec son style épuré, et les notes avec ses parfums. C’est la bande originale d’une vie de création.
GABRIELLE CHANEL ET LA MUSIQUE
Des chants religieux d’Aubazine, aux salles de concerts qu’elle fréquente assidûment, la musique est une composante essentielle de la vie de Gabrielle Chanel. Comme un parfum dans l’air, qui donne au présent sa dimension et, parfois même, son sens.
En 1905, la musique est la promesse d’une vie d’indépendance. À Moulins, où Gabrielle se rêve chanteuse de café-concert, elle interprète des airs populaires, comme : Qui qu’a vu Coco ? Si la voix manque, elle témoigne du tempérament de feu de cette jeune femme et, à défaut de lui offrir la liberté, la musique lui donne déjà un surnom : « Coco ».
Elle partagera bientôt son intérêt pour la musique, avec les amies qui vont parfaire son éducation musicale : la cantatrice Marthe Davelli ou l’incontournable Misia Sert. Pianiste d’exception, Misia est aussi la muse des compositeurs de l’avant-garde. Comme elle, Gabrielle Chanel les soutiendra toute sa vie, et, favorisant l’essor de la musique moderne, inscrira son nom dans l’histoire de ce médium.
Chez les musiciens qui, avec les peintres ou les écrivains, formeront bientôt le cercle de ses intimes, elle retrouve son goût du rythme, du mouvement, du changement. C’est ce sens de la rupture, qu’elle partage avec tous les modernes, qui lui permettra d’offrir à la mode un autre destin.
L’audace d’être en rupture, Gabrielle Chanel la retrouve chez le compositeur Igor Stravinsky qui, au début des années 1910, s’est imposé sur la scène parisienne avec L’Oiseau de feu, Petrouchka et Le Sacre du Printemps. Ces trois œuvres aux rythmes et aux sonorités inédites, composées pour les Ballets russes de Serge Diaghilev, marquent un tournant décisif dans l’histoire de la musique française. Gabrielle Chanel, consciente de leur importance esthétique, financera en 1920 la recréation du Sacre du printemps, avant d’héberger durant près d’un an le compositeur russe et sa famille dans la villa Bel Respiro qu’elle possède à Garches.
Cette proximité de langage rapproche inévitablement Igor et Gabrielle et s’exprime en 1921 dans un jeu de correspondances qui fait dialoguer leur œuvre. Stravinsky compose alors Les Cinq doigts, une pièce pour piano qui se distingue par son apparente simplicité, son minimalisme et son économie de moyens : des qualités chères au cœur de Gabrielle Chanel et qui président cette année-là, à la création de son chef-d’œuvre olfactif : le N°5. Si l’art musical et celui de la parfumerie se répondent, c’est qu’ils ont en commun un même vocabulaire, la création d’un parfum se révélant au travers d’une histoire de notes, de gammes, d’accords et d’harmonie.
À l’aube des Années folles, la France découvre le jazz et Gabrielle Chanel s’impose à la Haute Couture dans un environnement musical en pleine ébullition. Parmi les noctambules qui tentent d’oublier dans la fête le traumatisme de la Première Guerre mondiale, on la croise régulièrement au Bœuf sur le toit, un cabaret où le Tout-Paris se presse et danse sur des musiques dont les rythmes effrénés évoquent l’Afrique ou l’Amérique du sud. Gabrielle Chanel en profite pour adapter ses créations à l’amplitude du mouvement qu’impose une telle musique.
C’est aussi au Bœuf sur le toit, qu’on entend les créations musicales de Georges Auric, de Darius Milhaud, de Francis Poulenc, d’Arthur Honegger, de Louis Durey et de Germaine Tailleferre. Jean Cocteau appellera bientôt ces jeunes musiciens « Le Groupe des Six » et leur confiera la joyeuse mission de faire souffler sur la musique française, un parfum de légèreté et d’humour.
Gabrielle Chanel les soutiendra avec une fidélité sans faille, en participant à leur projet (1) ou en favorisant la diffusion de leurs œuvres en devenant mécène de l’Orchestre Symphonique de Paris (1928) et de La Sérénade (1931). Deux ensembles orchestraux dédiés à la musique contemporaine.
Mécène engagée, amatrice éclairée, Gabrielle Chanel aime toutes les musiques, qu’elles soient religieuses, classiques ou populaires. Dans les années 1960, Gabrielle, qui a su faire descendre sa mode dans la rue, ne se prive jamais d’apprécier les musiques qui s’y déploient, et séduisent alors les jeunes générations. Contre toute attente, on la voit s’intéresser à certaines stars de la variété ou du rock français, et s’envoler pour Londres, applaudir les Beatles (2).
Au sommet de sa gloire, Gabrielle n’est pas moins populaire qu’eux. En 1969, sa légende se raconte en musique. À Broadway, une comédie musicale intitulée Coco retrace sa destinée hors du commun et connaît un véritable succès (3).
À Paris, Gabrielle Chanel qui n’a pas fait le voyage pour admirer Katharine Hepburn dans le rôle-titre fredonne, comme elle l’a toujours fait, chez elle ou lors des trajets en voitures.
Depuis, la musique demeure une source d’inspiration permanente pour les créateurs de CHANEL. Des défilés aux égéries et aux ambassadrices, la musique fait partie de l’ADN de la Maison et l’inscrit dans le présent de son époque.
(1) En 1924, Gabrielle Chanel réalise les costumes de l’opérette dansée de Jean Cocteau, intitulée Le Train bleu, sur une musique de Darius Milhaud.
(2) Lilou Marquand, Chanel m’a dit, éditions JC Lattès, Paris, 1990.
(3) Coco, Comédie musicale. Créée le 18 décembre 1969. Livret Alan Jay Lerner. Musique André Previn.
Mention obligatoire : © espritdegabrielle.com
Crédits photos : © CHANEL
En savoir plus au sujet GABRIELLE CHANEL
APPLE + DÉVOILE LA BANDE-ANNONCE DE “THE NEW LOOK”
Apple TV+ dévoile la bande-annonce de The New Look, la nouvelle série historique d'Apple TV+ créée par Todd A. Kessler, …
LA SÉRIE “CRISTÓBAL BALENCIAGA DISPONIBLE EN JANVIER SUR DISNEY+
Cristóbal Balenciaga, la nouvelle série originale inspirée par la vie et l’œuvre du couturier espagnol, devenu l’un des plus iconiques …
ENCHÈRES RECORDS POUR UNE TUNIQUE CHANEL DATANT DE 1922
La Maison de ventes aux enchères Maurice Auctions a mis en vente une tunique CHANEL issue de la collection printemps …