À la faveur de sa réouverture après des travaux d’extension, le Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris, présente la première rétrospective à Paris d’une couturière hors normes : Gabrielle Chanel (1883-1971).
Dans ces années où Paul Poiret domine la mode féminine, Gabrielle Chanel, va dès 1912, à Deauville, puis à Biarritz et Paris, révolutionner le monde de la couture, imprimer sur le corps de ses contemporaines un véritable manifeste de mode.
Chronologique, la première partie évoque ses débuts avec quelques pièces emblématiques dont la fameuse marinière en jersey de 1916 ; elle invite à suivre l’évolution du style de Chanel à l’allure chic : des petites robes noires et modèles sport des Années folles jusqu’aux robes sophistiquées des années 30. Une salle est consacrée au N° 5 créé en 1921, quintessence de l’esprit de Mademoiselle.
En regard du parcours articulé en dix chapitres, dix portraits photographiques de Gabrielle Chanel ponctuent la scénographie et affirment combien la couturière a incarné sa marque. Puis vient la guerre, la fermeture de la maison de couture ; seule subsiste à Paris au 31, rue Cambon la vente des parfums et des accessoires. Viennent ensuite Christian Dior et le New Look, ce style corseté qu’elle conteste ; Gabrielle Chanel réagit avec son retour à la couture en 1954 et, à contre-courant, réaffirme son manifeste de mode.
Thématique, la seconde partie de l’exposition invite à décrypter ses codes vestimentaires : tailleur en tweed gansé, escarpin bicolore, sac matelassé 2.55, couleurs noir et beige bien sûr, mais aussi rouge, blanc et or… sans oublier les bijoux fantaisie et de haute joaillerie indispensables à la silhouette de Chanel.
© CHANEL
Gabrielle Chanel. Manifeste de mode occupe une surface de près de 1 500 m2 – dont les nouvelles galeries ouvertes en rez-de-jardin. Sur un parcours jalonné de plus de 350 pièces issues des collections de Galliera, du Patrimoine de CHANEL, de musées internationaux – le Victoria & Albert Museum de Londres, le De Young Museum de San Francisco, le Museo de la Moda de Santiago du Chili, le MoMu d’Anvers… et de collections particulières, cette exposition est une invitation à découvrir un univers et un style intemporels.
« Chanel travaille des dix doigts, de l’ongle, du tranchant de la main,
de la paume, de l’épingle et des ciseaux, à même le vêtement,
qui est une vapeur blanche à longs plis, éclaboussée de cristal émietté. »
Colette
VERS UNE NOUVELLE ÉLÉGANCE
Salon d’honneur
Dès le début de sa carrière, Gabrielle Chanel s’inscrit en totale opposition avec la mode de son époque soumise au passage des tendances et à une expression stéréotypée de la féminité.
Marinière, été 1916
Jersey de soie ivoire
Paris, Patrimoine de CHANEL © Julien T. Hamon
Première à porter ce qu’elle crée, ses choix reflètent ses propres goûts. Dans les années 1910, ils sont aussi inspirés par l’esprit de liberté qui caractérise la vie mondaine à Deauville, où elle ouvre une boutique en 1912, puis Biarritz où elle installe sa maison de couture en 1915. Première aussi à percevoir les évolutions qui se font jour au sortir de la Première Guerre mondiale, elle s’inscrit contre tout ce qui entrave le mouvement et déséquilibre la ligne. Rejetant tout ornement superflu, elle propose des formes simples empreintes de naturel, des vêtements souples et fluides qui respectent le corps des femmes et leur accordent la capacité à se mouvoir avec aisance. Cette conception caractérisée par un étonnant mélange de dépouillement et de précision, pose les bases d’une élégance nouvelle qu’elle défendra tout au long de sa carrière. Chacune de ses créations, vêtement, accessoire, bijou, parfum, appartient à cette même vision s’inscrivant bien au-delà d’un phénomène de mode éphémère.
Chapeau, entre 1913 et 1915
Paille tressée noire, ruban en satin de soie noir
Paris, musée des Arts décoratifs © Julien T. Hamon
LA NAISSANCE D’UN STYLE
Salon d’honneur
« C’est la matière qui fait la robe et non les ornements que l’on peut y ajouter. »
Gabrielle Chanel
Ensemble robe et veste, entre 1922 et 1928 Jersey de soie ivoire
Paris, Patrimoine de CHANEL © Julien T. Hamon
Si dans les années 1920 et 1930, Gabrielle Chanel accompagne l’évolution de la silhouette, elle confirme ses choix esthétiques et sa conception personnelle de la mode. D’une élégance épurée, les modèles sont nets et sobres, les matières souples et le plus souvent monochromes. Sa palette est subtile et nuancée, et si les blancs et les beiges dominent, elle inclut aussi des notes plus intenses de bleu nuit et de rouge ardent.
Ensemble corsage, jupe et ceinture, printemps-été 1927
Toile de soie ivoire
Paris, Patrimoine de CHANEL © Julien T. Hamon
Dans sa recherche de simplicité, Gabrielle Chanel ne participe qu’à de rares exceptions et de façon très mesurée, aux courants inspirés par l’historicisme et l’exotisme. Qu’ils soient imprimés ou brodés, elle fait aussi un usage parcimonieux et maîtrisé des décors et des motifs. Les fleurs, exception à la règle, participent par leur traitement et par la fraîcheur de leurs coloris à transmettre une idée de jeunesse et de naturel.
Tailleur, entre 1927 et 1929
Tweed de laine chiné brun et écru
Paris, Patrimoine de CHANEL © Julien T. Hamon
Tout à la fois pratiques et élégants, ses vêtements s’inspirent des tenues de sport et empruntent certains codes à l’élégance masculine et au dandysme. Détournant techniques et matériaux jusqu’alors étrangers à l’univers de la haute couture, elle associe l’ordinaire et le luxe, fait avec la maille ou le tweed, ces étoffes communes, des tenues à l’allure désinvolte dont la coupe et les proportions cultivent raffinement et distinction. De cet équilibre, Chanel a fait un style identifiable entre tous.
Robe de jour, entre 1926 et 1928
Crêpe de Chine ivoire imprimé rouille
Paris, Patrimoine de CHANEL © Julien T. Hamon
L’utilisation du noir, parfois à peine éclairé de blanc, lui permet d’affirmer sa vision stricte et minimaliste de la mode. La pureté des lignes est plus tangible encore, le vêtement s’efface au profit d’une conception radicalement moderne du chic.
Ensemble robe et veste, printemps-été 1926
Toile de soie ivoire, taffetas de soie noir
Paris, Patrimoine de CHANEL © Julien T. Hamon
Robe, entre 1920 et 1923
Tulle de soie noir brodé de paillettes noires et de perles de jais
Paris, Patrimoine de CHANEL © Julien T. Hamon
Manteau, automne-hiver 1929-1930
Velours de coton rouge
Paris, Patrimoine de CHANEL © Julien T. Hamon
LE N° 5
Galerie est
Créé en 1921, le N° 5, premier parfum composé, est, comme Gabrielle Chanel l’a voulu, radicalement différent. Contrairement aux fragrances proposées à l’époque, il ne renvoie à aucune senteur précise, c’est un parfum construit, comme l’étaient ses robes, une senteur abstraite et mystérieuse. Le parfumeur Ernest Beaux a choisi pas moins de quatre-vingts composants pour son assemblage. L’alliance de fleurs rares dont l’ylang-ylang, le jasmin de Grasse ou la rose de mai, de notes boisées et épicées, démultipliée par des aldéhydes – matières de synthèse – utilisées pour la première fois en surdosage, rend la formule indéfinissable.
Son contenant et sa présentation sont tout aussi innovants. Aux fioles ornées des Années folles, Chanel oppose un flacon carré aux lignes sobres et anguleuses. Aux titres fleuris et imagés, elle répond par l’abstraction d’un numéro, d’un chiffre porte-bonheur. L’étui en carton blanc surligné de noir est quant à lui minimaliste et le graphisme d’une pureté révolutionnaire pour l’époque.
Parfum N° 5, 1921
Verre, cordonnet en coton noir, cachet de cire noire, papier imprimé
Paris, Patrimoine de CHANEL © Julien T. Hamon
La radicalité de ces choix est la même que celle dont elle fait preuve à l’égard de la mode. Pensé comme prolongement du vêtement et répondant point par point à sa vision de la modernité, Chanel fait du N° 5 une signature pour sa maison.
Devenu le parfum le plus vendu au monde, une phrase, sorte de confession intime livrée par Marilyn Monroe, lui apporte, s’il en était besoin, un supplément d’âme et le fait entrer à jamais dans la légende.
L’EXPRESSION D’UN LUXE AUSTÈRE
Grande galerie
à gauche : Robe du soir, automne-hiver 1926-1927
Crêpe georgette bleu nuit, franges de soie teintes en dégradé de bleus
Paris, Patrimoine de CHANEL
à droite : Robe du soir, printemps-été 1927
Crêpe et franges de soie ivoire
Paris, Patrimoine de CHANEL
© Julien T. Hamon
Dans les années 1930, son sens de la ligne s’exprime au plus haut point. Les robes précisent le corps sans excès. L’harmonie des proportions, la cohérence entre matériaux et formes, révèlent une fois encore sa recherche de la simplicité.
Pour le soir, elle accomplit un subtil dosage d’invention et de classicisme, combinant les matériaux les plus légers, les dentelles noires ou blanches et le tulle. Elle fait des robes de mousseline d’une incroyable simplicité, des robes floues dont les décors incrustés s’intègrent à la coupe pour mieux souligner les formes. Sans jamais déséquilibrer la ligne, elle joue avec l’asymétrie, les mouvements enveloppants et les longueurs inégales. Avec elle, le vocabulaire de la mode féminine fait preuve de retenue, les volants ne sont froncés que très légèrement, les drapés à peine esquissés, les pans se font légers et flottants.
Chanel fait aussi un usage très personnel des techniques de décor : elle recouvre entièrement la surface des tissus légers de perles, de paillettes ou de franges qui se fondent en une matière brillante et mouvante. À l’excès d’excentricité, elle oppose la monochromie des matières et la simplicité de la ligne.
« BIJOUX DE DIAMANTS »
Galerie ouest
En 1932, alors qu’elle prône l’usage des bijoux fantaisie, Gabrielle Chanel, crée une collection de haute joaillerie uniquement composée de diamants montés sur platine.
Commanditée par l’International Diamond Corporation de Londres, cette collection est exposée du 7 au 19 novembre, non pas dans la boutique de Mademoiselle Chanel mais chez elle, dans les salons de son hôtel particulier, au 29 rue du Faubourg-Saint-Honoré et fait courir le tout-Paris.
Broche « Comète », collection de joaillerie « Bijoux de Diamants », 1932
Platine, diamants taille ancienne.
Paris, Patrimoine de CHANEL © Julien T. Hamon
S’écartant des codes habituels de présentation, les parures de pierres précieuses sont mises en scène sur des mannequins de cire réalistes et expressifs. Tout aussi originale pour l’époque, leur facture est à l’image des vêtements qu’elle crée, sobre et graphique. Leurs montures, légères, précisent la ligne. Leurs dessins, qu’elle confie à différents illustrateurs dont Paul Iribe, et les thèmes qu’elle choisit évoquent la légèreté, la souplesse des étoffes ou le caractère aérien et cristallin des corps célestes. Comètes, plumes, franges et rubans soulignent, avec délicatesse, un décolleté, une nuque ou un poignet. Elle conçoit des bijoux modulables : le motif étoilé d’un collier peut se porter en broche ou en centre de bracelet.
LE TAILLEUR OU LES FORMES DE LA LIBERTÉ
Rez-de-jardin, galerie courbe
« Chaque tailleur recèle les secrets du luxe de Chanel. Et ce luxe tient à des détails »
Vogue, septembre 1959
à gauche : Tailleur, printemps-été 1961
Tweed ficelle, gros-grain rouge gansé marine, métal doré
Paris, Patrimoine de CHANEL
à droite : Tailleur, printemps-été 1961
Tweed chiné ficelle, gros-grain rouge gansé marine, métal doré
Paris, Patrimoine de CHANEL
© Julien T. Hamon
En 1954, dans un contexte encore marqué par l’esprit du New Look, caractérisé par le retour à une silhouette exaltant les anciens canons de la féminité, Mademoiselle Chanel, à plus de soixante-dix ans, relance sa maison de couture, et plus que jamais, se positionne contre la mode du moment.
Synthèse des grands principes qui ont fait sa particularité et son succès, l’extrême dépouillement de son tailleur, est à lui seul, un véritable manifeste exprimant sa vision de la femme moderne. Tous les aspects de sa construction sont pensés dans le respect de l’anatomie, le juste équilibre de la silhouette et une conception de l’élégance alliant simplicité et naturel.
Tailleur veste, blouse et jupe, printemps-été 1964
Tweed à carreaux marine et blanc, twill de soie blanc imprimé marine
Paris, Palais Galliera © Julien T. Hamon
La veste s’apparente ainsi davantage à une sorte de cardigan tant elle est souple et légère. La jupe quant à elle, n’enserre pas la taille mais repose sur la pointe des petites hanches ; légèrement basculée vers l’arrière et d’une longueur s’arrêtant sous le genou, elle est confortable, mobile et laisse toute liberté au mouvement. Les ganses de couleurs contrastées qui font aussi sa singularité soulignent et structurent visuellement la silhouette tout en lui conservant sa souplesse. La précision et le raffinement des finitions, tout aussi essentiels, deviennent une signature. Ce vêtement, devenu un archétype, est encore aujourd’hui une référence en matière de mode féminine.
LES CODES DE CHANEL
Galerie courbe
Élément essentiel à l’harmonie de la silhouette, l’accessoire pour Chanel répond aussi à sa vision pragmatique de la mode tout en participant à la codification et à l’unité de son style.
Lancé en février 1955, le sac 2.55 identifiable entre tous par sa forme, son rabat, ses surpiqûres créant un effet matelassé et son fermoir à tourniquet a été pensé pour être avant tout pratique. Sa bandoulière, une chaîne bijou ou entrelacée d’un lien en cuir pour éviter le cliquetis du métal, devenue elle-même emblématique, permet de le porter à la main ou à l’épaule. L’intérieur est doublé de cuir ou de gros-grain rouge et comporte de nombreuses poches permettant de mieux en retrouver le contenu, notamment le rouge à lèvres auquel un compartiment est dédié. Réalisé en agneau, en jersey ou en satin de soie, le 2.55 est aussi décliné en trois tailles pour répondre aux différentes activités et circonstances de la journée.
Sac CHANEL 2.55, entre 1955 et 1971
Agneau teint en noir matelassé, métal doré, fermoir à tourniquet
Paris, Patrimoine de CHANEL © Julien T. Hamon
À partir de 1957, le soulier bicolore parachève la silhouette définie par Chanel et apporte une note supplémentaire à l’élégance de son style. Après plusieurs essais avec différents bottiers, elle adopte le modèle réalisé par Raymond Massaro. Parfait accord entre l’usage et la forme, il est réalisé dans une peau beige pour allonger la jambe, tandis que son bout noir le protège des marques du temps et fait paraître le pied plus petit. La bride asymétrique et le talon, d’une hauteur mesurée, garantissent confort et liberté de mouvement.
Prototype du soulier bicolore,
création CHANEL réalisée par Massaro, vers 1961
Chevreau beige, satin de soie noir
Paris, Patrimoine de CHANEL © Julien T. Hamon
ÉLOGE DE LA PARURE
Galerie d’Honneur
Dès les années 1920, le bijou tient une place essentielle dans les créations de Gabrielle Chanel et, en contrepoint à la simplicité de ses vêtements, devient un véritable marqueur de son style. Accumulant rangs de perles, sautoirs, ras-du-cou, boucles d’oreilles, broches et bracelets, elle se joue du vrai et du faux, mêle la joaillerie et les bijoux fantaisie. Mademoiselle Chanel prend également des libertés avec la position du bijou sur le vêtement et n’hésite pas à placer une broche au revers d’une manche, sur la hanche ou sur l’épaule, ou encore sur la calotte d’un chapeau.
Collier, création CHANEL réalisée par Goossens, entre 1965 et 1971
Vermeil, cristal de roche
Paris, Patrimoine de CHANEL © Julien T. Hamon
Ses bijoux sont créés en étroite collaboration avec les paruriers Étienne de Beaumont, Fulco di Verdura, François Hugo, Gripoix ou Robert Goossens. Aux inspirations historiques ou exotiques, viennent s’ajouter les décors floraux ou ceux plus personnels composés à partir de son propre répertoire symbolique : le lion, l’épi de blé, l’étoile, le soleil ou la croix. Tous témoignent d’un goût certain pour l’opulence et la profusion, en totale opposition avec le style dépouillé des vêtements.
Bracelet, création CHANEL réalisée par Goossens, entre 1965 et 1971
Vermeil, pâte de verre polychrome
Paris, Patrimoine de CHANEL © Julien T. Hamon
Pendentif, création CHANEL réalisée par Goossens, années 1960
Or jaune, turquoise, tourmaline, perle
Paris, Patrimoine de CHANEL © Julien T. Hamon
L’ALLURE RENOUVELÉE
Galerie sud
à gauche : Robe, automne-hiver 1964-1965
Cloqué de coton et organza noirs
Paris, Palais Galliera
à droite : Robe, printemps-été 1959
Mousseline noire, satin de soie noir, pâte de verre turquoise, strass
Paris, Patrimoine de CHANEL
© Julien T. Hamon
Si, à partir de 1954, Mademoiselle Chanel fait du tailleur la pièce emblématique de ses collections, elle fait aussi de la robe du soir un exercice de style.
Alors que la plupart des grands couturiers font appel aux brodeurs pour orner de pierreries et de paillettes leurs tenues de soirée, Chanel donne une version discrète et raffinée de la mode habillée.
Robe de cocktail, printemps-été 1959
Dentelle noire de Dognin
Paris, Patrimoine de CHANEL © Julien T. Hamon
Sans jamais dévier de la ligne qu’elle s’est fixée, elle reprend chacun des fondements qui président à son esthétique et ont jalonné son parcours. Pour le cocktail, elle décline les robes noires toutes simples dans les matériaux les plus divers, des classiques dentelles, velours et voiles de soie aux tissus en nylon et autres matières synthétiques. Aux plus austères, elle accorde la préciosité d’une ceinture ou d’un bijou en métal doré, illuminés de pierres colorées. Les broderies de paillettes, semblables à celles des années 1930, sont monochromes. La mousseline dans son élégante simplicité, la gaze dans toute sa légèreté, revisitent l’art du flou et la liberté de mouvement. Fidèle à la gamme de couleurs qui est une de ses signatures, elle choisit des tissus où le blanc cassé et l’or s’unissent. Pour les mousselines, le rouge apporte du piquant, le noir le chic.
à gauche : Robe du soir, printemps-été 1955
Mousseline de soie rouge
Paris, Patrimoine de CHANEL
à droite : Robe du soir, automne-hiver 1970-1971
Mousseline de soie rouge
Paris, Palais Galliera
© Julien T. Hamon
Jusqu’à la collection printemps-été 1971, sa dernière, Mademoiselle Chanel n’a de cesse de réinterpréter, d’actualiser, de parfaire ses règles et principes. Des créations les plus emblématiques à celles aujourd’hui oubliées, toutes témoignent de la permanence de son style.
à gauche : Ensemble boléro et jupe, automne-hiver 1963-1964
Toile de soie entièrement brodée de paillettes blanc nacré
Paris, Palais Galliera
à droite : Robe du soir, automne-hiver 1965-1966
Soie entièrement brodée de paillettes blanc nacré
Paris, Patrimoine de CHANEL
© Julien T. Hamon
SCÉNOGRAPHIE DE L’EXPOSITION
© CHANEL
CODES ET DÉTOURNEMENT
Pour la scénographie de l’exposition, nous avons voulu explorer le goût de la mise en scène de Gabrielle Chanel en retravaillant ou amplifiant certains codes de Chanel comme les paravents et les issues dissimulées de son appartement rue Cambon, le goût des triptyques, la ligne acérée, les fragments de miroirs, la laque profondément noire…
L’exposition est portée par la double intention de retracer sur deux niveaux le style créé par Gabrielle Chanel et de révéler au public les nouvelles salles d’exposition du rez-de-jardin du musée. La scénographie s’autorise alors à dissimuler les décors du rez-de-chaussée habituellement très présents, pour mieux faire découvrir les salles voûtées du rez-de-jardin.
Au rez-de-chaussée, suivant un parcours chronologique, les tenues de la première époque de la création de Gabrielle Chanel donnent immédiatement le ton de l’exposition : les décors fastes du Palais Galliera s’effacent dans un jeu de parois élancées et volontaires, fragmentées de miroirs. L’espace dans lequel évolue le visiteur est transformé, à la façon de Gabrielle Chanel détournant les codes.
Au rez-de-jardin, dans un parcours thématique, les éléments de présentation sont dé-densifiés, les murs bruts en briques et pierre devenant les supports de fond de mise en scène. Par des portraits projetés, la présence continue de la créatrice ponctue le parcours tout en confirmant la personnification de son style. Nous évoquons les choix toujours incisifs de Gabrielle Chanel par la radicalité d’une scénographie rectiligne, affûtée et précise contenue dans un écrin tour à tour ivoire ou noir.
Sandra Courtine & Dominique Brard
scénographes de l’exposition
© CHANEL
LE SOUTIEN DE CHANEL
Pour la première fois à Paris, une exposition prend pour sujet Gabrielle Chanel.
Non pas la femme, mais la créatrice visionnaire, celle qui imagina une nouvelle allure et révolutionna le monde de la mode, des accessoires, des parfums, de la beauté et même de la haute joaillerie. À l’heure de sa réouverture et au moment où il devient le premier musée permanent de mode à Paris, seul le Palais Galliera pouvait la concevoir. La Maison CHANEL est fière d’être partenaire de cette exposition Gabrielle Chanel. Manifeste de mode, imaginée par Miren Arzalluz. Issu du Patrimoine de CHANEL, des collections du Palais Galliera et de différents musées internationaux, cet ensemble de plus de 350 pièces datées des années 1910 à 1971 apporte un nouvel éclairage sur l’influence durable de la créatrice qui a transformé pour toujours l’allure des femmes.
Toute sa vie, Gabrielle Chanel fut aux confluences de la mode et de l’avant-garde artistique. En plaçant ses propres besoins, ses envies et sa vie même au centre de sa création, elle a anticipé l’évolution des femmes et leur place dans la société. Dès ses débuts en 1910, sa mode s’est fait manifeste pour une libération du corps et des mouvements, pour une liberté enfin offerte aux femmes de porter des vêtements leur permettant de bouger, de faire du sport, de travailler, de trouver finalement leur indépendance. En simplifiant la silhouette tout en y ajoutant a contrario l’opulence d’accessoires et d’un parfum iconique, en introduisant la notion de masculin/féminin ou encore de sportswear, cette âme rebelle inventa une allure à la fois élégante et fonctionnelle, facile à vivre, faite pour entrer pleinement dans le quotidien des femmes.
Il y a là quelque chose d’unique dans l’histoire de la mode : par cette révolution de la simplicité, par son audace et son insoumission à la norme, Gabrielle Chanel a créé une allure et des codes immédiatement reconnaissables partout dans le monde et qui le sont toujours aujourd’hui. Chanel est entrée dans l’inconscient collectif et fait de l’intemporalité d’une silhouette sa plus grande et constante modernité. Au-delà de la petite robe noire, du tailleur de tweed, du sac matelassé ou des souliers bicolores, c’est dans ce paradoxe que réside l’apport considérable de Chanel à la mode et son influence éternelle sur les femmes.
Bruno Pavlovsky,
Président de CHANEL SAS et Président des Activités Mode de CHANEL
© CHANEL
LE PALAIS GALLIERA
Le Palais Galliera est le rendez-vous incontournable des amateurs de mode.
Ses collections, avec plus de 200 000 vêtements, accessoires, photographies, dessins, illustrations et estampes, sont parmi les plus riches au monde. Les œuvres textiles sont le reflet des codes de l’habillement et des habitudes vestimentaires, en France, du xvıııe siècle à nos jours. Extravagantes ou précieuses, simples ou quotidiennes, elles témoignent du génie créatif de la mode – jusque dans ses expressions les plus contemporaines.
Au fil d’expositions jusqu’alors temporaires, le musée présentait et mettait en scène une partie de ses inestimables et fragiles collections. Ces expositions monographiques (Givenchy, Fath, Carven, Castelbajac, Grès, Alaïa, Jeanne Lanvin, Fortuny, Martin Margiela…) ou thématiques (Histoire du jean, Japonisme et mode, Mode et Jardins, Les Années folles, Sous l’Empire des crinolines, Les années 50…) attiraient des visiteurs toujours plus nombreux.
Pour mieux répondre aux attentes de son public le Palais Galliera a trouvé dans les espaces du rez-de-jardin l’opportunité de doubler ses surfaces d’exposition. Les deux niveaux associés pourront accueillir des expositions temporaires de grande envergure ou bien présenter la collection permanente – renouvelée périodiquement en raison de la fragilité des pièces – et offrir au visiteur une histoire de la mode du xvıııe siècle à nos jours.
De lourds travaux de réhabilitation du rez-de-jardin ont été entamés permettant d’accueillir le public dans de belles galeries voûtées. Ils améliorent enfin le confort de visite en développant l’offre de services avec la création d’une librairie et d’un atelier pédagogique.
Cette campagne de travaux est réalisée grâce au soutien de CHANEL. Le Palais rouvrira ses portes le 1er octobre 2020 avec la rétrospective Gabrielle Chanel. Manifeste de mode suivie au printemps 2021 de l’exposition Vogue Paris 1920-2020 et de la présentation de la collection permanente.
Palais Galliera © Jose de Souza
GABRIELLE CHANEL. MANIFESTE DE MODE
Exposition organisée avec le soutien de CHANEL.
COMMISSAIRES
Miren Arzalluz, directrice du Palais Galliera
Véronique Belloir, responsable de collection,
avec l’équipe des conservateurs du Palais Galliera
DIRECTEUR ARTISTIQUE
Olivier Saillard, historien de la mode
Du 1er octobre 2020 au 14 mars 2021, du mardi au dimanche, de 10h00 à 18h00
Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris
10, avenue Pierre-Ier-de-Serbie Paris 16
www.parismusees.paris.fr
Mention obligatoire : © espritdegabrielle.com
Crédits photos : © Palais Galliera – © CHANEL – © JA
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