POURQUOI « LA PAUSA » COMPTE AUJOURD’HUI
Il existe des lieux qui condensent une vie, un style et un art d’habiter. La Pausa, la villa que Gabrielle Chanel a imaginée à la fin des années 1920 sur les hauteurs de Roquebrune-Cap-Martin, est de ceux-là : une maison pensée comme un refuge, un laboratoire de goût et un « salon d’amis » où l’on reçoit, où l’on pense et où l’on crée. Près d’un siècle après sa construction, la demeure fait l’objet d’un beau livre collectif publié par Flammarion : La Pausa. La villa méditerranéenne idéale de Gabrielle Chanel, un volume de référence qui réunit archives, essais et regards d’experts, et replace la villa au cœur de l’imaginaire CHANEL.
L’ouvrage arrive après un patient chantier : CHANEL a racheté la propriété et entrepris sa restauration pour lui redonner l’esprit des années 1930. Mené sous la direction de l’architecte Peter Marino, ce travail a reconstitué les volumes, les circulations et une grande partie du mobilier à partir d’archives, de plans et de photographies d’époque. La maison rouvre aujourd’hui comme lieu de vie privé et espace de création dédié à des résidences artistiques et intellectuelles, fidèle à l’idée première de Gabrielle Chanel : offrir un cadre libre, simple et inspirant.
Gabrielle Chanel et son chien Gigot dans le jardin de La Pausa, c. 1930
p.2 Private archives / all rights reserved. Courtesy of CHANEL, from La Pausa, Flammarion
UN CORPUS D’AUTEURS ET UNE LECTURE À 360°
Conçu comme une somme, le volume réunit des contributions de Peter Marino, Yana Peel, Montse Aguer Teixidor & Laura Bartolomé, Philippe Collas & Éric Villedary, Laurène Flinois, Hélène Fulgence, Flavia Frigeri, Marika Genty, Cécile Goddet-Dirlès, Marc Jeanson, Madeleine Meissirel, Olivier Meslay, Antide Viand et Elisabetta Gaspard.
Les textes couvrent l’histoire de la Côte d’Azur, l’édification de la villa, le quotidien de Gabrielle Chanel, ses hôtes, les arts, ainsi qu’un chapitre botanique consacré au jardin. L’iconographie, puisée dans des fonds publics et privés, est abondante : plans, correspondances, carnets, photographies d’époque et vues actuelles.
Au-delà de la description, l’ouvrage propose une lecture transversale : architecture, arts décoratifs, sociabilités, paysages, transmission. Un dialogue entre Yana Peel et Peter Marino resitue la vision de CHANEL, tandis qu’une chronologie détaillée éclaire les étapes : acquisition des terrains, chantier, ventes, seconde vie chez le couple Reves, restauration récente.
Salle de bain de Gabrielle Chanel à La Pausa, c. 1930
p.126 Photo M. Bérard. Patrimoine de CHANEL, Paris.
Courtesy of CHANEL. All rights reserved, from La Pausa, Flammarion
ARCHITECTURE & INTÉRIEUR : UNE MODERNITÉ CALME
Principes : lignes nettes, lumière, circulation
La Pausa s’invente autour de lumières franches et de volumes utiles. Avec l’architecte Robert Streitz, Gabrielle Chanel trace une villa enduit clair, arcades en plein cintre, huisseries élargies, sols minéraux prolongeant la terrasse, escalier rectiligne qui organise la circulation. Tout concourt à une relation naturelle entre pièces et jardins : portes-fenêtres larges, seuils peu marqués, parcours sans emphase. La villa privilégie une géométrie lisible et un confort concret — une esthétique de l’épure en écho, à distance, aux rythmes de l’abbaye d’Aubazine.
Ce choix n’est pas décoratif : il conditionne le mode de vie. Grandes portées vitrées pour la brise, profondeurs de pièces adaptées à la conversation, pièces de service organisées en arrière-seuil pour libérer la partie noble. Le plan facilite autant le temps long (lecture, écriture) que l’hospitalité (dîners, séjours d’amis).
La salle-à-manger, 1938
p.130 © Photo Roger Schall ©Schall Collection, from La Pausa, Flammarion
L’intérieur à hauteur de vie
Le mobilier est choisi plutôt qu’accumulé. Dans la grande salle : la bibliothèque centrale, les canapés profonds, les tables de bois, les tapis de laine épaisse, la cheminée qui polarise la sociabilité. L’éclairage privilégie abat-jour et lumière naturelle. L’économie de moyens crée une atmosphère de bienvenue : matières naturelles, palette blanc-crème, ponctuée de bois patiné et de pierre. L’idée n’est pas d’impressionner : il s’agit de bien vivre.
Le cloître, arcade nord, 1938
p.132 © Photo Roger Schall ©Schall Collection, from La Pausa, Flammarion
JARDIN-PAYSAGE : MÉDITERRANÉE ET VUES
Le terrain en restanques accueille oliviers, agrumes, mimosas, jasmins, iris, jacarandas. L’organisation privilégie les perspectives vers la mer et les villages, avec terrasses, ombrages et allées qui ménagent des haltes. La maison se pense dedans-dehors : tables sous arcades, bancs de pierre, zones d’ombre légère. Le chapitre botanique signé Marc Jeanson promet un inventaire précis des essences et des usages du jardin méditerranéen tel que l’entend Gabrielle : simple, olfactif, hospitalier.
La bibliothèque, 1938
p.133 © Photo Roger Schall ©Schall Collection, from La Pausa, Flammarion
LA PAUSA DES ANNÉES 1930 : ARTISTES, AMIS, TRAVAIL
Maison d’amitié avant tout, La Pausa accueille dans les années 1930 Salvador Dalí, Jean Cocteau, des écrivains, musiciens, éditeurs. La sociabilité y est active : on séjourne pour travailler autant que pour converser. Dalí y passe un temps substantiel en 1938, période fertile dans sa création. Loin des apparats parisiens, la villa autorise un rythme libre fait de promenades, lectures, essais, reprises.
Cette vie d’atelier déplace l’axe du prestige vers l’usage : la valeur n’est pas dans l’accumulation d’objets mais dans la qualité des rencontres et des jours. Voilà ce que le livre met au jour par les archives : menus, lettres, notations d’horaires, fragments d’agenda.
La façade nord de La Pausa par Robert Streitz, 1929
pp. 144-145 © Streitz Archives, from La Pausa, Flammarion
DE GABRIELLE CHANEL AU COUPLE REVES, PUIS RETOUR À CHANEL
En 1953, Gabrielle Chanel cède La Pausa à l’éditeur Emery Reves et à sa femme Wendy Reves. S’ouvre une seconde vie cosmopolite. Winston Churchill y séjourne régulièrement dans la seconde moitié des années 1950 ; il y écrit, y peint. L’univers des Reves — œuvres, meubles, décors — a fait l’objet d’une reconstitution au Dallas Museum of Art (Reves Collection), dont les salles reproduisent l’esprit de la villa.
Après plusieurs décennies de transformations, CHANEL rachète la propriété en 2015, avec l’ambition d’en retrouver la justesse. La maison est alors documentée minutieusement avant d’être restaurée.
Les 5 fenêtres du mur nord du grand hall, La Pausa, 1930
p.148 Photo M. Bérard. Patrimoine de CHANEL, Paris.
Courtesy of CHANEL. All rights reserved, from La Pausa, Flammarion
2015–2025 : RESTAURER SANS FIGER
La restauration, pilotée par Peter Marino, s’appuie sur une recherche documentaire : plans, correspondances, clichés sépia, inventaires, ventes publiques. Quelques pièces ont été retrouvées ; d’autres rééditées à l’identique ; des interventions techniques invisibles (climatisation, réseaux) garantissent un confort discret. Le but n’est pas la copie, mais la cohérence : rétablir rythmes, proportions, parcours, et replacer la sociabilité au centre.
Gabrielle Chanel dans l’escalier de La Pausa, 1938
p.183 © Photo Roger Schall ©Schall Collection, from La Pausa, Flammarion
UN LIEU HABITÉ : RÉSIDENCES ET BIBLIOTHÈQUE
La Pausa n’est pas un musée. Elle se conçoit comme un lieu de vie et d’inspiration : accueils ponctuels, résidences de création, conversations. La bibliothèque rassemble plus de 1 000 volumes, provenant notamment de 7L (librairie fondée par Karl Lagerfeld) et de Hatchards (Londres), afin d’offrir une matière de lecture à hauteur du lieu.
Des programmes artistiques — lectures, performances — prennent place dans les volumes recomposés, dans l’esprit des années 1930.
François Hugo, Pierre Colle, Audrey Field, Maria Ruspoli-Hugo
et Gabrielle Chanel dans l’olivier du cloître, 1938
p.233 © Photo Roger Schall ©Schall Collection, from La Pausa, Flammarion
LA PAUSA DANS L’ŒUVRE DE GABRIELLE CHANEL : UNE MAISON-MANIFESTE
La villa cristallise la modernité calme de Gabrielle Chanel. On y retrouve ses constantes : mesure, fonction, liberté d’usage. La palette (blancs, crèmes, bois, pierre) traduit une sobriété lumineuse ; les volumes francs assurent le confort sans démonstration ; le dialogue rustique/raffiné (tables anciennes, miroirs) révèle un luxe de temps et de lumière. De la robe au volume architectural, même grammaire : simplicité, précision, accueil.
Dans cette perspective, La Pausa. La villa méditerranéenne idéale de Gabrielle Chanel est plus qu’un beau livre : c’est un manuel sensible qui explique comment Gabrielle Chanel conçoit l’espace pour qu’il serve la vie — et comment CHANEL, en 2025, réactive cette culture.
Gabrielle Chanel and François Hugo, 1938
p.272 © Photo Roger Schall ©Schall Collection, from La Pausa, Flammarion
REPÈRES CHRONOLOGIQUES
- 1928–1930 — Acquisition des terrains, construction de La Pausa ; position dominante entre Menton et Monaco, au-dessus de Roquebrune.
- Années 1930 — Foyer culturel : séjours d’artistes et d’amis (notamment Salvador Dalí, Jean Cocteau).
- 1953 — Vente à Emery & Wendy Reves ; Winston Churchill y séjourne, écrit et peint ; reconstitution d’intérieurs à Dallas (Reves Collection).
- 2015 — CHANEL rachète la propriété ; lancement de la restauration.
- 2025 — Publication du volume Flammarion ; renaissance du lieu comme espace de création.
FICHE PRATIQUE
- Titre : La Pausa. La villa méditerranéenne idéale de Gabrielle Chanel
- Éditeur : Flammarion
- Pagination / Format : 346 pages, 248 × 322 mm, relié
- Contributeurs : Peter Marino, Yana Peel, Montse Aguer Teixidor & Laura Bartolomé, Philippe Collas & Éric Villedary, Laurène Flinois, Hélène Fulgence, Flavia Frigeri, Marika Genty, Cécile Goddet-Dirlès, Marc Jeanson, Madeleine Meissirel, Olivier Meslay, Antide Viand, Elisabetta Gaspard.
- Parution : septembre 2025 – ISBN :
- Prix : 150 €
Mention obligatoire : © espritdegabrielle.com
Crédits photos : © Flammarion et mention sous les images
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