La Maison de ventes aux enchères Maurice Auctions a mis en vente une tunique CHANEL issue de la collection printemps 1922. Estimée entre 10 000 et 15 000 €, la tunique s’est finalement vendue 130 000 €, un record mondial pour un vêtement CHANEL de cette époque.
Une tunique CHANEL numérotée 14 190, ample, en crêpe de Chine noire avec des grandes manches et un col carré est agrémentée de broderies vertes, jaunes et rouges ainsi que des fils argents. Elle est brodée de bandes verticales d’inspiration folklorique avec des feuillages stylisés et des quadrilobes, avec de grands losanges contrastés sous la ceinture, brodés de la même manière autour des poignets. La tunique se porte sur une jupe droite unie.
Le vêtement a été retrouvé dans le grenier d’un château, à Grasse. Étiquetée “Gabrielle Chanel”, la pièce a été identifiée par le spécialiste londonien de la mode Kelly Taylor.
À cette époque, Gabrielle Chanel a délaissé son emblématique tweed le temps d’une collection pour se concentrer sur un autre type vestimentaire en vogue : la broderie dite “russe”. Elle a donc imaginé une collection avec la grande-duchesse de Russie Maria Pavlovna, créatrice de la société de broderies Kitmir.
Cette tunique a été présentée dans le VOGUE britannique, début mars 1922, légendant : “CHANEL lends oriental brilliance to black crepe de Chine by russian and blakan broideries“.
UN PEU D’HISTOIRE…
En 1921, Gabrielle Chanel a été présentée à la grande-duchesse Maria Pavlovna, sœur du grand-duc Dmitri Pavlovich, alors son amant. Après la révolution bolchevique de 1917, de nombreux aristocrates ont fui la Russie et se sont réfugiés à Paris. Dans ses mémoires Une princesse en exil, la grande-duchesse décrit comment elle aimait assister Gabrielle Chanel dans son atelier. Lorsque Mademoiselle se plaignit du coût exorbitant de la broderie, la duchesse offrit ses propres services et créa sa propre entreprise spécialisée qu’elle baptisa “Kitmir”, du nom d’un chien légendaire de la mythologie persane.
Kitmir employait jusqu’à 50 jeunes exilés russes à son apogée, qui avaient été formés à la broderie dans le cadre de leur éducation aristocratique. Bien que certaines broderies aient été produites à la main, la majorité a été réalisée à l’aide de machines à broder Cornelly, ce qui a permis la production rapide de métrages brodés de haute qualité pour la confection de vêtements. Le magazine parisien Illustrated Russia a écrit à propos de Kitmir : ” Une dame russe émigrée est entrée timidement dans cette ville. Il fut un temps où sa mère et sa grand-mère commandaient leurs robes chez Worth et Poiret, mais cette jeune femme russe vient d’échapper à l’enfer de la Révolution et de la guerre civile ! Dans la capitale de l’élégance féminine, elle a frappé aux portes d’une maison de haute couture de luxe. Et les portes se sont ouvertes pour la laisser entrer et elle a conquis le cœur de tout le monde. “
Au départ, Kitmir travaillait uniquement pour la Maison CHANEL, mais en 1925, l’entreprise s’est développée et a commencé à prendre des commandes auprès d’autres maisons de couture. Gabrielle Chanel a rapidement mis fin à sa relation avec Kitmir face à ce manque d’exclusivité.
Mention obligatoire : © espritdegabrielle.com
Crédits photos : © Maurice Auctions
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