L’hôtel Lambert, un des plus grands trésors architecturaux de Paris, est un magnifique hôtel particulier décoré par les grands artistes du XVIIe siècle auxquels on doit le château de Versailles. Depuis sa construction vers 1640, il a accueilli dans ses somptueux salons, un grand nombre de familles illustres, de sommités, d’artistes, d’écrivains et des compositeurs, donnant lieu à la création d’une riche fresque culturelle au fil des siècles.
À l’issue d’une restauration rigoureuse réalisée par Son Altesse le cheikh Hamad Bin Abdullah al-Thani et sa famille proche, l’hôtel Lambert a retrouvé ses lettres de noblesse, grâce à la reconstitution de plusieurs salons jusqu’alors non décorés ainsi qu’au respect des styles des XVIIe et XVIIIe siècles. Les travaux de restauration ont été suivis d’un vaste processus d’acquisition de mobilier et d’objets d’art dont la provenance, le savoir-faire et l’importance historique étaient dignes de ce décor prestigieux. Ce processus a abouti à l’une des plus belles collections privées d’arts décoratifs jamais assemblée. L’hôtel Lambert accueillait donc une collection composée de nombreuses collections, notamment des ensembles extrêmement importants et cohérents allant du mobilier français à l’orfèvrerie, des émaux de Limoges aux bijoux anciens, toujours de la plus grande qualité qui soit.
Du 11 au 14 octobre, Sotheby’s Paris proposera le contenu de cette collection à travers cinq ventes aux enchères en salle et une vente en ligne, illustrées en six catalogues. Chaque vente sera consacrée à un thème différent, témoignant de l’ampleur de la collection. Ces ventes offriront aux acheteurs l’occasion d’acquérir des pièces qui décoraient l’une des plus anciennes et plus belles résidences privées du monde.
L’exposition de la collection sera ouverte au public du 6 au 11 octobre.
Lors de la vente “Chefs-d’œuvre de la Collection”, un paravent intitulé Vision de Naples, ayant appartenu à Gabrielle Chanel et réalisé par José María Sert, sera mis en vente. Composé de onze panneaux (3,90 m x 8 m) et réalisé en bois doré et glacis noir vers 1923, cet objet est estimé entre 300 000 et 500 000 €.
Mise à jour : Le paravent s’est vendu 756 000 €.
Gabrielle Chanel a acquis ce paravent vers 1925 pour l’installer au 29, rue du Faubourg Saint-Honoré. Il a été acheté par José María Sert lorsque Mademoiselle Chanel a quitté l’appartement quelques années plus tard puis est entré dans la collection de la Marquise de Ruisedana, pour son palais sur La Rambla, à Barcelone.
José Maria Sert (1874-1945), surnommé le « Tiepolo du Ritz », fait partie du cercle fermé des grands artistes mondains du XXe siècle. Il épouse la célèbre Misia Godebska que Forain lui présente, plus connue sous le nom de Misia Sert, figure centrale du Paris artistique et littéraire de la fin du XIXe siècle et de l’entre-deux-guerres. Muse successivement de Mallarmé, Vuillard, Renoir, Proust, Diaghilev et Cocteau, Misia fut aussi la confidente de Gabrielle Chanel pour qui Sert créa ce paravent monumental.
Miné par l’avant-garde parisienne, il s’inscrit dans une tradition de peinture essentiellement décorative influencée par Goya, Manet et bien sûr Tiepolo. Dans son atelier de la rue Barbet-de-Jouy, Sert crée un décor grandiose à l’image de sa peinture, mêlant mobilier baroque, bronzes dorés, cristaux et paravents de Coromandel. Gabrielle Chanel a retenu cette leçon de décoration et l’a appliquée dans toutes ses demeures parisiennes par la suite, comme en témoigne encore son appartement de la rue Cambon. Sert y tenait un salon où il recevaitl’ensemble de la Café Society de l’époque, qui lui commande de multiples projets.
Spécialisé dans les très grands décors muraux et paravents, il passe de la peinture polychrome à la peinture monochrome sur un fond doré, qui convenait mieux à son style exubérant. Il reçut d’importantes commandes au tournant du siècle dans toute l’Europe et plus particulièrement en Angleterre (entre 1914 et 1915 pour Lady Ripon à Combe Court et Sir Philip Sassoon à Lympe et entre 1918 et 1919 pour Sir Saxton Noble à Wretham Hall). Il a reçu sa première commande aux États-Unis en 1924 pour la salle de musique de M. Joshua Cosden.
à Palm Beach. Une exposition à New York aux Wildenstein Galleries a achevé son lancement outre-Atlantique. Il entreprend alors des projets grandioses comme une salle entière au Waldorf Astoria de New York en 1930, et l’entrée du bâtiment principal du Rockefeller Center, construit en 1933.
« L’art perd le dernier représentant de la grande peinture », écrivait Paul Claudel dans Le Figaro du 14 décembre 1945, à la mort de son ami José María Sert. La monumentalité de son œuvre et la puissance de sa personnalité ont fait de Sert un artiste unanimement admiré à son époque.
Mention obligatoire : © espritdegabrielle.com
Crédit photo : ©Sotheby’s / ArtDigital Studio
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