Pensé comme une exposition émotion, Couturiers de la danse lève un voile sur les collaborations du monde de la mode et de la danse. 130 modèles, dont certains jamais vus en France ,sont réunis pour célébrer ces deux univers. Soit presque un siècle de complicité. Quatre thèmes rythment l’exposition imaginée par Philippe Noisette dans une scénographie de Marco Mencacci.
Le premier, Formes, s’intéresse au travail des lignes avec des tenues de danse futuristes, des silhouettes hors norme. Un air de fantaisie – avec pas mal de rigueur, couture oblige – flotte ici.
Avec le second thème Seconde Peau, nous sommes au plus près des corps. Collant, transparence, le mouvement est magnifié par le talent de Balmain, Givenchy, Dior, On Aura Tout Vu, Christian Lacroix. Le costume se fait tantôt parure, tantôt caresse.
Avec le thème Pas si classique, les couturiers revisitent tutu, pourpoint, corset et même marinière. De Saint Laurent à Jean Paul Gaultier ou Karl Largerfeld le génie se cache dans les détails.
Enfin, avec le thème Matières, la danse se fait complice de l’exceptionnel à savoir des matières uniques, novatrices, inédites. Un défilé en quelque sorte.
Trois salles sont dédiées à des aventures exceptionnelles Gianni Versace et Maurice Béjart, Issey Miyake et William Forsythe, Daniel Larrieu.
Enfin, tout au long des salles, le visiteur pourra être le témoin de l’excellence des ateliers de coutures qu’ils soient de l’Opéra de Paris, du Royal Ballet de Londres, des ballets de Monte-Carlo, de la Maison Dior ou Balmain et retrouver des extraits vidéo de ballets magnifiant mouvement et couture.
Du choc des formes jusqu’aux matières, de la seconde peau – couture – de la danse jusqu’aux tutus, corsets et pourpoints revisités, les créateurs déploient ainsi talent et imagination – presque – sans contrainte.
GABRIELLE CHANEL, MÉCÈNE DES BALLETS RUSSES
En 1924, Gabrielle Chanel est au faîte de sa gloire. Aimant à s’entourer des artistes de son époque, elle fut intime et mécène de Serge Diaghilev, le fondateur des Ballets russes. Loin des conventions surannées de la danse classique, les Ballets russes ont révolutionné l’art de la danse par leur esthétique éblouissante où se mêlent musique, danse et arts plastiques, faisant ainsi du ballet un art total. En 1924, la créatrice va mettre son audace et sa vision au service de la danse en réalisant les costumes du ballet, produit par Diaghilev, Le Train bleu. Le livret est signé Jean Cocteau, la musique est de Darius Milhaud, la chorégraphie de Bronislava Nijinska, le décor de Henri Laurens, le rideau d’avant-scène et le programme de Pablo Picasso.
En 1924, voici venu le temps des vacances, des bains de mer et des trains luxueux. Les Français veulent retrouver le goût de la liberté. La Compagnie internationale des wagons-lits vient de mettre sur les rails une liaison entre l’Angleterre et la Méditerranée. Le Train bleu, créé en juin 1924 au Théâtre des Champs-Elysées, célèbre les corps sportifs et dorés au soleil.
Gabrielle Chanel choisi de travailler une matière qui a fait son succès, le jersey. Elle créé des tenues rayées, des mini-shorts à rayures, des marcels colorés en coton et des collants chair, des maillots de bain et des tenues de golf sport et chic. Sur le haut des robes-polos, elle plaque un noeud-cravate. Jean Cocteau avait lui-même explicité sa vision : “Les costumes doivent être l’élégance même sans rien de théâtral… Il faut que ce ballet se démode en un an et reste une image de 1924. Le Train bleu doit être à la mode. C’et une balle à mettre dans le mille. On peut encore tromper des artistes sur ce qu’ils attendent, il est impossible de tromper les gens de mode sur la mode.“
Parodiant la nouvelle société moderne des années 1920 qui érige l’hédonisme en maître, ce ballet audacieux scelle le début d’une série de collaborations fructueuses entre le monde de la danse et celui de la mode.
Le Train bleu a été repris en 1992 au Palais Garnier avec une mis en scène de Roland Petit et Léonide Massine et le Ballet de l’Opéra national de Paris.
Costume d’après Gabrielle Chanel pour Le Train bleu,
chorégraphie d’après Bronislava Nijinska.
Reprise, Opéra national de Paris, 1992.
Prêt ONP. © CNCS / Florent Giffard
KARL LAGERFELD, CRÉATEUR DE COSTUMES
Passionné par tous les arts, Karl Lagerfeld a collaboré à de nombreuses reprises avec des chorégraphes. En 1986 et 1987, il conçoit les costumes pour deux ballets du chorégraphe allemand Uwe Scholz. En 2009, pour CHANEL, il crée la tenue d’Elena Glurjidze pour La mort du Cygne. Plus de cent heures de travail dans les ateliers de la Maison Lemarié sont nécessaires pour réaliser le tutu, constitué de plus de 2 500 plumes. Et en 2016, il imagine, à la demande de Benjamin Millepied, les décors et les costumes du ballet Brahms-Schönberg Quartet, sur une chorégraphie de Balanchine.
Costumes de Karl Largerfeld pour « Brahms – Schönberg Quartet »,
chorégraphie de George Balanchine. Opéra national de Paris, 2016. © Laurent Philippe
Costume de Karl Largerfeld pour « Brahms – Schönberg Quartet »,
chorégraphie de George Balanchine. Opéra national de Paris, 2016.
Prêt ONP. © CNCS / Florent Giffard
Costume de Karl Lagerfeld pour « Jeunehomme », chorégraphie de Uwe Scholz.
Création Les Ballets de Monte-Carolo, 1986. Prêt Les Ballets de Monte-Carlo.
© CNCS / Florent Giffard
Costume de Karl Lagerfeld pour « Jeunehomme », chorégraphie de Uwe Scholz.
Création Les Ballets de Monte-Carolo, 1986. Prêt Les Ballets de Monte-Carlo.
© CNCS / Florent Giffard
Au final c’est un siècle de complicité entre les couturiers et chorégraphes de la scène internationale qui est présenté à Moulins. La recherche des formes et des matières le dispute aux couleurs ou à l’histoire du costume dans un même mouvement. Cette exposition leur rend hommage.
EXTRAITS DU PARCOURS
SALLE 9 – Pas si classique
Karl Lagerfeld, Yves Saint Laurent, Sylvie Skinazi
Des corsets, des pourpoints et des marinières, circulez il y a tout à danser ! Yves Saint Laurent rendra ainsi hommage à Mondrian dans Notre Dame de Paris, Karl Lagerfeld célébrera lui, le costume militaire. On verra même des costumes « brulés » imaginés par Sylvie Skinazi, autrefois collaboratrice de Christian Lacroix, dont le travail pour la danse est un éblouissement.
SALLE 12 – Matières
Hussein Chalayan, Chanel, Moira, Hedi Slimane
Lorsque la danse rencontre la matière… de la mode. Gabrielle Chanel travaille le jersey pour Le Train bleu, hymne au grand air. Iris van Herpen imagine des silhouettes découpées au laser comme des peaux translucides pour Clear, Loud, Bright and Forward. Hussein Chalayan ré-invente le Faune devenu Faun dans la chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui. Enfin, avec les Ballets de Monte-Carlo, Hedi Slimane ose le cuir ou la laine, et des jupes pour homme et femme, avec le ballet In Memoriam. La matière en majesté.
Le Centre national du costume de scène et de la scénographie
Situé dans une ancienne caserne militaire du XVIIIe siècle classée Monument historique, le CNCS a attiré depuis son ouverture en 2006 près d’un million de visiteurs. Véritable fleuron du patrimoine artistique, le CNCS conserve, montre et explique les œuvres d’une collection unique au monde composée aujourd’hui de 10 000 costumes de théâtre, de danse et d’opéra du milieu du XIXe siècle à nos jours provenant de dépôts des trois institutions-fondatrices du Centre : la Bibliothèque nationale de France, la Comédie-Française et l’Opéra national de Paris, auxquels sont venus s’ajouter de nombreux dons de compagnies, d’artistes et de théâtres. Ce musée, unique au monde, a présenté pas moins de 27 expositions saluées par le public et conserve, depuis 2013, la collection du danseur Rudolf Noureev soit un ensemble de 3 500 pièces.
Centre national du costume de scène et de la scénographie
Quartier Villars – Route de Montilly 03000 Moulins
Tél. 04 70 20 76 20
www.cncs.fr
Horaires
Ouvert tous les jours de 10h00 à 18h00
Tarifs
Plein tarif : 7 € / Tarifs réduits : 4 € – 3 €
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